A seulement 32 ans, Esperanza Spalding n’en est pas à son premier fait d’arme. Issue du prestigieux Berklee College of Music, où elle y gagne la reconnaissance de ses pairs, à l’instar du grand Pat Metheny ou encore du vénérable Gary Burton, elle y est devenue enseignante à 20 ans, un record. En plus de ses collaborations avec les grands noms du jazz (Mike Stern, Jack Dejohnette) et d’apparitions régulières à la Maison Blanche, notamment à l’occasion de l’International Jazz Day coordonné par l’Unesco et Herbie Hancock, la (contre)bassiste et chanteuse américaine peut également se targuer d’une carrière solo bien remplie. En effet, avec pas moins de 5 albums à son actif, elle a exploré les genres. De descendance hispanique elle s’est d’abord intéressée au latin jazz, avant de poursuivre avec une musique à l’écriture plus contemporaine et à l’orchestration électrique, en témoigne le zappaien Emily’s D+Evolution, dernier en date de sa discographie. On oubliera pas non plus de mentionner qu’elle a été récompensée par trois Grammys, dont celui de ‘Best New Artist’ en 2011 et qu’elle dispense des cours Harvard depuis cette année.
Ms Spalding a récemment annoncée la sortie de son sixième opus Exposure. Un album qui porte bien son nom, puisque la musicienne a décidé d’en rendre l’intégralité du processus de création publique via un “Facebook live” supposé durer un peu plus de trois jours d’affilée. Plus précisément, l’américaine se présentera en studio le matin du 12 septembre, avec ses musiciens, et disposera de 77 heures pour écrire les 10 chansons du nouveau répertoire, les enregistrer et les mixer. Depuis quelques mois, la fonction « direct » de Facebook, a été abondamment utilisée par les artistes, labels, festivals pour partager des concerts et autre DJ sets live avec les internautes. Mais l’enregistrement de tout un album, incluant la compositions des morceaux, les arrangements et le mix, c’est une première. Un pari un peu fou.
Dans une interview récemment accordée au New York Times, on comprend que la musicienne cherchait un moyen d’échapper aux plausibles contraintes imposées par les labels, en l’occurrence Concord Records, qui avait déjà tenté d’aiguiller les choix de Spalding, en voulant, par exemple, lui imposer des guests, afin que sa musique atteigne de nouvelles audiences. En ayant réussi à convaincre son label de financer ce projet, elle s’octroie donc la liberté d’écrire et d’enregistrer selon son inspiration du moment, sans qu’aucun tiers n’intervienne dans les directions artistiques de Exposure.
Ironie du sort, malgré la forte dimension digitale de cette expérience, le résultat sera seulement édité au format physique, CD et vinyle.