Personnage hyper actif de la scène techno française, Antoine Husson alias Electric Rescue nous fait l’immense honneur de répondre à nos questions, quelques jours avant d’aller se produire au DreamNation festival 2019
Salut Antoine, on commence avec un petit coup d’œil dans le rétroviseur : 1990 les débuts, D’Jedi, Calme Records, premières raves, Skryptöm, Möd3rn Records… ça fait un bout de chemin. Quel regard portes-tu sur l’évolution de ta carrière ?
En toute honnêteté, je ne suis pas du genre à regarder mon parcours passé et à me gargariser. Je suis plutôt du genre à regarder devant et à préparer les prochaines réjouissances, et il y en a de multiples alors je suis un gros chanceux. Mais je suis un double chanceux car j’ai eu la chance qu’on me donne de la place régulièrement depuis 29 ans pour exprimer ma musique, mes envies et délires et c’est génial, pourvu que ça dure. En tout cas d’avoir pu observer de près toute cette évolution depuis même la fin des années 80 est une chance, ces observations te permettre d’appréhender l’avenir, de devenir efficace dans tes actions et aussi tolérant. Après l’évolution de ma carrière, ce n’est pas très important, j’ai fait des bons et des mauvais choix mais j’ai surtout pris énormément de plaisir et c’est vraiment ce qui doit être la première envie d’un artiste exprimer des choses en prenant du plaisir, tout le reste n’est que superflu.
De manière plus globale : comment te sens-tu vis-à-vis du développement de la scène électronique sur les dernières années ? Tu as plutôt un sentiment de perte de valeurs avec le fort développement de masse, ou tu es excité par le spectre des possibilités qui s’ouvre plus que jamais ?
Il y a un peu des deux, il y a beaucoup d’échanges de matières artistiques et c’est excitant car nous pouvons faire évoluer la musique rapidement sans lassitude, et en même temps cette rapidité fait un peu perdre les pieds à une partie de la jeunesse qui focalise sur des choses futiles et vide de la communication, pardon de l’ultra-communication et une partie de cette génération est en train de louper plein de choses réelles et concrète pour se focaliser sur les réseaux qui ne sont qu’une illusion. Les réseaux doivent rester un outil pour progresser et pas une fuite de la réalité. Donc comme chaque époque il y a des bonnes choses dans tous ces développements mais il y a aussi des travers.
Pour toi, cette évolution – notamment du rapport à l’individualité où les artistes sont starisés – modifie-t-elle fondamentalement la façon dont tu dois gérer ton label et les gens ?
Les fondamentaux ne bougent pas, il faut s’adapter stratégiquement sur le moment, mais l’histoire ne gardera que les choses essentielles c’est-à-dire la musique et la créativité. Je vois beaucoup d’artistes qui focalisent sur les réseaux sociaux pour être à la mode, alors en ce moment ils ont l’impression d’être grand et beau mais quand leur tour sera passé, s’ils n’ont pas laissé de musique il ne restera rien. Tous mes artistes, je les guide vers des choses concrètent des projets créatifs, et ensuite je leur dis de se servir de l’outil médiatique mais pour parler de choses il faut avoir du fond et ça se travaille, mais pas à coup de like, à coup de créativité. Chaque chose en son temps, d’abord je construis, je développe et ensuite quand j’ai vraiment quelque chose à partager alors je communique. C’est le process durable, il est moins fulgurant mais il est solide. Donc oui j’adapte ma manière de travailler en fonction des époques mais au final, il ne restera toujours que la musique et les émotions.
Et de ton côté, tu n’en as jamais eu marre de composer des tracks, gérer ton label et voyager tout le temps pour aller mixer ? C’est quoi ton petit secret pour tenir, ta petite habitude bien à toi ?
La passion, le choix d’une vie, l’émotion avec ces trois choses-là tu peux durer éternellement. Lorsque j’appuie sur un accord mélancolique qui me transperce le cœur, me bouleverse, me porte la larme à l’œil, il peut se passer n’importe quoi sur Terre, cette émotion de l’accord me permettra de tout affronter. C’est une des composantes de la vie comme l’air que je respire ou l’eau que je bois, putain suis je trop sérieux là !!!
Non je n’aurais jamais marre de faire de la musique, c’est plus les humains et leurs failles autour qui me fatiguent, mais heureusement il y a aussi plein d’êtres humains formidables et un truc génial de la vie on peut choisir les gens qu’on côtoie :) enfin la plupart du temps.
On te sait grandement attaché au Rex ou à Astropolis sur lesquels on te demande régulièrement ton point de vue… mais au final tu es à au DreamNation depuis plusieurs années. Qu’est-ce qui te fait revenir chaque fois ?
La transmission de valeurs qui m’ont fait vibrer et que l’on m’a transmise il y a 30 ans. J’aime partager des découvertes, des gouts, des choix, des émotions et faire le plateau d’un festival c’est aussi tout çà. Et après il faut faire des choix, durs ou évidents, je fais souvent le choix du cœur qui n’est pas forcement en adéquation avec le moment, mais je maintiendrai ma vision pour transmettre les valeurs que j’aime. En tout cas, en 4 ans de Dream Nation, niveau musique j’ai toujours misé là-dessus.
Pour finir, as-tu un petit message à passer à tous les festivaliers du Dreamnation – et à nous parce qu’on sera là bien entendu – qui viendront le 21 septembre prochain ?
Que vous soyez fan d’une des 4 salles prenez au moins un quart d’heure pour aller écouter les autres la musique en a besoin, l’homme en a besoin que vous fassiez un effort d’ouverture vers les autres, comme dans la rue ;)
Et en bonus … un petit coup de cœur musical à partager pour nous faire patienter ?
Euh ! Le problème c’est qu’il nous faudrait la nuit pour te partager toutes mes excitations musicales alors restons concentré sur le plateau de Dream Nation c’est déjà pas mal ;) et j’en prends un au hasard un track de mon pote ZADIG, il date un peu mais je l’adore Stellar hunter :
Electric Rescue sera pour la quatrième année au Dream Nation festival 2019
Pour en savoir davantage à propos de l’évènement du festival Dream Nation, c’est par ici ! Pour accéder à la billeterie, c’est par là !
Petit bonus visuel pour la fin, parce qu’on ne s’en lasse jamais à la rédaction :