Le Prix Nobel de Littérature pour l’année 2016, décernée par l’Académie suédoise, a été annoncé. Depuis 1901, le Prix récompense des auteurs ayant rendu service à l’humanité par une grande oeuvre qui, selon le testament d’Alfred Nobel à l’origine de ce prix, “a fait la preuve d’un puissant idéal”.

Surprise ! Pas de romancier, ni de dramaturge ou d’essayiste primé cette fois mais une certaine forme de poésie jusque là non primée : celle contenue dans les textes de chansons. Et en première place de celles-ci, les chansons de Bob Dylan, qui se voit décerné ce Prix Nobel de Littérature 2016.

C’est  «pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d’expression poétique» que le chanteur américain de 75 ans a été récompensé.

Les paroles de Bob Dylan ont accompagné les revendications sociales de la deuxième moitié du 20ème siècle – sa chanson Blowin’ in the Wind a notamment été chantée pendant la Marche sur Washington du 28 août 1963 après le fameux discours I Have a Dream de Martin Luther King, auquel il a également participé avec Joan Baez – et ont été fortement marqué par la poésie.

Amateur de Rimbaud et surtout de Jack Kerouac, il a été fortement associé au poète américain de la “Beat Generation” Alllen Ginsberg (présent en caméo dans le clip de Subterranean Homesick Blues) dans les années 60 et 70 qui l’a initié à la méditation et avec qui il a même enregistré un disque. Toutes ses influences ont inspiré son oeuvre et les thématiques abordées par ses chansons.

La secrétaire générale de l’Académie suédoise (qui désigne les Prix Nobel), Sara Danius, a déclaré que « Bob Dylan écrit une poésie pour l’oreille […] il s’inscrit dans une longue tradition qui remonte à William Blake ». Serait-ce le signe d’une ouverture  du Prix à des formes d’Art en dehors de son périmètre classique ?

Bob Dylan succède, dans l’histoire du Prix Nobel de Littérature, à Svetlana Aleksievitch (primée en 2015) mais aussi à d’autres grands noms tels que Pablo Neruda, Albert Camus, Ernest Hemingway, ou Samuel Beckett. Faisant figure à ce jour de nouveauté pour le Prix, décerner celui-ci à Bob Dylan amène encore une autre question :

Est-ce que les temps sont en train de changer ? Bob Dylan y apportait sa réponse déjà en 1964.

Come writers and critics
Who prophesize with your pen,
And keep your eyes wide
The chance won’t come again.
And don’t speak too soon
For the wheel’s still in spin,
And there’s no telling who
That it’s naming
For the loser now
Will be later to win
For the times they are a-changin’.”

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